Archives de catégorie : Philosophie

L’étranger et le dilemme identitaire-libertarien

« J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! »

Déchéance pour tous ! Qu’est-ce qu’on se marre quand même. La proposition gouvernementale de déchoir de la nationalité française non seulement des binationaux mais aussi, au nom de l’égalité, des personnes de nationalité française mettrait en place les conditions d’une apatridie imposée. Fichtre ! Diantre ! Apatride si je veux d’abord ! Enfin faut voir. Le statut d’apatride ratifié par la France est régi par une Convention de l’ONU de 1954 qui donne des droits au moins équivalents à ceux des étrangers en certains domaines (1). Une demande volontaire de perte de nationalité est prévue aux articles 18-1, 19-4, 22-3, 23, 23-5 du code civil. Mais on ne peut, semble-t-il, se libérer des liens d’allégeance à un État que pour se lier à un autre. Par contre avec la déchéance pour tous, on pourrait devenir un étranger dans son pays, ne pouvant guère en sortir car apatride donc dépourvu de passeport sauf à demander une nationalité dans un pays d’exil moins ubuesque (2).

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« Au futur ou au passé, vers un temps où la pensée est libre » (1)

En 1945, déclinant une invitation de la duchesse d’Atholl, George Orwell écrit : « Je ne peux m’associer à une organisation essentiellement conservatrice qui prétend défendre la démocratie en Europe mais ne trouve rien à dire sur l’impérialisme britannique. On ne peut selon moi dénoncer les crimes aujourd’hui commis en Pologne, en Yougoslavie, etc., sans exiger avec la même insistance la fin de la domination que la Grande-Bretagne impose à l’Inde. J’appartiens à la gauche et c’est en son sein que je dois travailler, quelle que soit ma haine du totalitarisme russe et de son influence pernicieuse dans notre pays. » (2) Que signifiait appartenir à la gauche pour Orwell ? Double-pensée ? Novlangue ? Continuer la lecture

Soyons pragmatiques, demandons l’impossible !

Cover and illustrations done for the Freak Out! music fanzine Ivan Brun 2011Le pragmatisme est une pensée qui pose le primat de l’efficacité. C’est un empirisme qui postule que ce qui fonctionne est vrai. Aux fondements de cette philosophie, deux penseurs américains de la deuxième moitié du XIXe siècle : Charles Sanders Peirce et William James. Aujourd’hui, du jargon universitaire aux politicards, le pragmatisme s’exprime paradoxalement de façon idéologique et uniforme. Affirmer sans cesse la primauté du réel pour mieux occulter la distance croissante entre les élites et le peuple. Ce pragmatisme incantatoire est peut-être un retour de balancier des décennies passées qui, écrasées par la moulinette du cynisme libéral des années 80, sont rétrospectivement jugées trop idéalistes. Désormais quiconque s’opposera au pragmatisme sera définitivement condamné pour utopisme, dogmatisme, intégrisme, puritanisme etc. Continuer la lecture