Bordel de merde ! On va arrêter un peu les conneries avec l’arithmétique d’abstention. Je ne cherche à convaincre personne. J’exprime ici simplement un ras-le-bol. Si je ne vote pas dimanche, c’est aucune voix pour personne comme je le fais depuis des années. Pour personne. Ni pour une fasciste. Ni pour un social-démocrate – ou autre qualificatif à votre convenance. Le ni-ni d’avant le ni-ni, celui qui a le plus de classe : ni dieu, ni maître. Donc ce n’est pas une moitié de voix pour l’un et pour l’autre. C’est encore moins une voix pour Le Pen évidemment et rien non plus pour Macron. C’est zéro voix. Zéro plus zéro.
Pour ce qui est de l’urgence de la situation, c’est-à-dire, en gros : on sauve les meubles avec un bulletin pour Manu et après on continue comme avant, c’est sans moi. L’urgence est déclarée depuis 1983-1984 date à laquelle le FN a émergé électoralement. Chacun avait largement le temps de prendre la mesure de la gravité de la situation. Et surtout d’y remédier. Depuis que je suis en âge de voter, il s’agit de faire barrage électoralement au FN. Donc ça, c’est fait. C’est essayé. Ça ne marche point. C’est trop tard. Aucune politique ne fonctionne durablement à coup de barrages répétés sur trois décennies. Si barrage il doit il y avoir ce n’est pas sur le terrain électoral sur lequel prospère ce parti. On ne construit pas un barrage sur un sol miné. C’est sur le terrain de la société et de l’économie qu’il faut construire et du reste probablement pas un barrage. Et là, force est de constater que ce que propose Macron n’est pas, selon moi, la solution la plus positivement constructive.
Ce nouveau psychodrame électoral intervient un an après le plus gros mouvement social sous un gouvernement socialiste depuis 1982-1983. Les ministres PS d’alors commençaient à trouver que les ouvriers immigrés, en grève pour avoir eu l’audace de croire aux promesses, étaient manipulés par des intégristes religieux. Le gouvernement socialiste de 2016 lui n’a pas voulu retirer une loi qui n’est rien par rapport à ce que propose Macron. Lequel ne fera rien pour retirer quoi que ce soit quelle que soit l’ampleur de la contestation. Au mieux, il changera de Premier ministre et de majorité. C’est annoncé dans son projet centriste même : volonté de légiférer par 49.3 ou ordonnances, majorité à géométrie variable, suffrage proportionnel. Depuis 2010 et l’échec du mouvement contre la réforme des retraites, c’est comme ça. On réprime. On criminalise. On laisse pourrir. Mais on maintient le cap. On fait barrage en somme. Donc moi je marche plus. Je ne suis pas en marche vers le bureau de vote. J’ai marché dans les manifs et ailleurs. J’ai fait grève. J’ai dénoncé le FN depuis l’âge de 10 ans de toutes les façons possibles. Des cours de récrés aux isoloirs en passant par la rue et les salles de concerts.
La démocratie ne sera jamais réductible à un choix entre deux bulletins. Si Le Pen me fait peur depuis bien longtemps, Macron c’est tous les jours qu’il faut subir ses ersatz. Et le syndrome de Stockholm n’est pas une fatalité. Donc parlons clairement. Dans l’hypothèse où le FN prendrait la tête d’un État déjà profondément modifié par son influence, le danger agité depuis 34 ans deviendra réalité. Ce sera par la seule et unique faute de ceux qui auront voté pour lui. Et avant tout même par la seule et unique culpabilité de ce parti, de ses chefs, de ses élus, de ses militants, de ses soutiens. Chacun prendra alors ses responsabilités et agira en conséquence. Sur le plan électoral, malgré la menace d’une manipulation des résultats par le FN, il reste des élections en juin. En ce qui me concerne je n’ai jamais fait de l’abstention active un dogme.
Macron ce n’est pas Le Pen, ça pour sûr. Si comme le dit le premier, la deuxième est le produit du « système » qu’elle dénonce, c’est donc qu’il y aurait un produit et un « système ». Mais qui est le produit ? Qui dénonce le « système » ? C’est quoi le « système » ? Tout candidat à la tête de l’État français n’est-il pas le produit d’un système ? Tout candidat ne se doit-il pas d’incarner la fiction d’un peuple uni pourtant sans cesse travaillé par des contradictions socio-économiques ? Ni droite, ni gauche. Ni-ni. Pour l’heure, je ne vois pas de produit mais une somme à résultat nul : -1 + 1. Zéro.
Alexis.