Le 13 novembre 2015, la région parisienne a été la cible d’attaques terroristes faisant au moins 129 victimes massacrées au nom d’un mensonge nommé dieu. Nous condamnons ces atrocités avec fermeté. Nous exprimons toute notre douleur et notre soutien aux proches de celles et ceux qui ont perdu la vie. La réponse des personnes qui agissent au nom de cette autre fiction qu’est l’État n’a pas tardé. Unité, état d’urgence, surveillance, guerre. Nous refusons cet appel à l’unité derrière l’État. Les libertés sont le fait de la société et non pas d’institutions se plaçant au-dessus d’elle. Elles ne sont jamais définitivement acquises. Elles méritent un combat permanent et un perpétuel développement. Après l’unanimisme et les manifestations massives de janvier 2015, tout le monde est rentré chez soi. L’État a géré la situation avec sa logique autoritaire qui ne garantit rien. Pas même, preuve en est, la paix et la sécurité dont il se déclare le gardien. La liberté implique le respect et le refus de dominer. Les identités sont multiples et mouvantes. Nous ne réduisons pas les individus à leurs seules dimensions de croyants ou non croyants.
L’intégrisme islamique est un instrument de domination totalitaire et ultra-patriarcale. Quand bien même il s’agirait d’une réponse à l’oppression, la fin ne justifie pas les moyens. Des États théocratiques et des forces politiques ou économiques puissantes se réclament ou appuient plus ou moins officiellement l’islamisme. Le but serait de créer un empire (ou un califat) méprisant le reste du monde en le soumettant à sa loi. Mais la très grande majorité des musulman-es aspirent à pratiquer leur religion en paix et ne reconnaissent rien de ces meurtres dont elles/ils sont aussi les victimes. Parmi les ennemi-es de l’islamiste figurent les musulman-es qui se positionnent en faveur de la laïcité. Il faut soutenir les personnes d’origine africaine et orientales qui œuvrent à une critique des menaces que fait peser l’intégrisme islamique sur la liberté et la justice.
Une ambiance xénophobe règne dans le pays depuis longtemps. L’antisémitisme et le traitement particulier de l’islam comme s’il s’agissait d’une religion « à part » planent comme un spectre au-dessus de tous les débats. L’extrême-droite qui n’a de cesse de monter en France est ouvertement contre les musulmans. Elle charrie aussi avec elle une « tradition » antisémite répugnante. L’État par sa politique impérialiste, raciste, sexiste et sécuritaire porte une lourde responsabilité. Entre 2000 et avril 2014, 127 personnes la plupart issues de l’immigration ont été tuées lors d’interventions policières. 17 lois portant sur la lutte contre l’insécurité ont été votées. La police française inflige des traitements humiliants à des personnes qu’elle suppose, au faciès, être musulmanes. Elle a tué un manifestant à Sivens dans le Tarn, il y a plus d’un an. Le mouvement social est sans cesse criminalisé. L’arsenal policier utilisé s’est considérablement perfectionné. Les législations d’exception concernant la lutte contre le terrorisme entraînent un arbitraire dangereux justifié par un état de guerre. Car la France intervient en Libye, au Mali, en Irak, en Afghanistan, en Syrie. Plus loin de nous des massacres se produisent dans l’indifférence. Ni racisme, ni guerre de religions, ni patriarcat, ni État, ni capital. Nous appelons à nous réapproprier la liberté et la justice que les pouvoirs sacrés – étymologiquement la hiérarchie – bafouent chaque jour.