Dimanche : ni dieu, ni patron, ni caddie !

Le texte qui suit est un tract qui avait été rédigé par le syndicat CNT-Interco 69 en 2009 au cours d’une campagne contre le travail dominical. Sa publication au Combat syndicaliste – le mensuel de la CNT Vignoles – avait été refusée au motif de son titre ; « la CNT n’étant pas contre les croyances » …  Au-delà de l’ineptie d’un tel argument pour une organisation qui se disait anarcho-syndicaliste ou syndicaliste révolutionnaire, il semble que la thématique soit toujours d’actualité. 

Depuis les années 90, le travail dominical a étendu considérablement son emprise. Aujourd’hui, de façon régulière ou occasionnelle, plus d’un quart des personnes employées va au turbin le dimanche. En 2008, 12,1 % des salarié-es bossaient habituellement ce jour-là contre 10,2 % en 2002. Une énorme proportion (96 %) de celles et ceux-ci va également au boulot le samedi, plus d’un tiers n’a pas de repos compensateur, a des horaires quotidiens variables décidés par les patrons et travaille très souvent de nuit (1). Triste tableau. Tristes dimanches.

Estimant probablement que cette évolution était trop lente, l’État a souhaité l’accélérer par la législation. La loi 2009-974 du 10 août 2009 a assoupli les conditions de travail dominical en supprimant les autorisations préalables en zones touristiques et thermales et, pour les unités urbaines de plus d’un million d’habitants, en donnant la possibilité aux autorités de délimiter un « périmètre d’usage de consommation exceptionnel » sur lequel le travail du dimanche serait facilité.

Au-delà du flou et des subtilités de la loi – qu’il faut pourtant maîtriser pour se défendre – c’est la question d’un choix de société qui se pose. Le pouvoir crée les conditions pour une civilisation où production et consommation n’auront plus de limite. Le dimanche est jusque-là encore le moment où beaucoup peuvent ne rien foutre, se reposer, exercer un sport ou une pratique artistique, se balader, sortir, bricoler, se retrouver avec leurs proches, leurs familles, leurs ami-es, se cultiver ou se divertir etc. Bref vivre à l’écart des contraintes salariales. Désormais, dans le cycle hebdomadaire, les politicards et les patrons imposent que la machine à consommer, servir et produire ne s’arrête jamais. Ils profitent de la précarisation accrue de la main d’œuvre qui, pour subvenir à ses besoins, n’a plus le choix.

L’ensemble est empaqueté dans une propagande à base de volontariat, de ré-affirmation des garanties et de consommateurs-électeurs à satisfaire. Mais l’intention est claire. Maintenant le dimanche, le populo devra faire des sacrifices aux dieux du capital, de l’État et de la marchandise après s’être fait sermonné pendant des siècles par les curés. La consommation règne. Le peuple trinque. Les vitrines réservées à la bourgeoisie sont toujours plus rutilantes pendant que les plus pauvres sont poussés au sur-endettement.

Face à de telles perspectives, il convient de résister en demandant le retrait de cette loi. En boycottant les établissements commerciaux ouverts le dimanche. En informant les travailleurs de leurs droits, en les incitant et en les aidant à se défendre collectivement face aux patrons qui exigent le travail dominical. Afin de donner à chacun-e la possibilité de vivre sa vie et de s’émanciper hors de l’exploitation salariale et de la consommation abrutissante, la CNT-Interco du Rhône revendique une réduction radicale des inégalités de salaires et du temps de travail. La liberté, l’égalité et l’entraide ne s’achètent pas dans les supermarchés.

(1) Source : DARES, octobre 2009.

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