Un film consacré à Joe Hill, réalisé par Bo Widerberg, restauré et projeté en 2015, a été édité, sur DVD, l’année dernière. Sorti en 1970, primé à Cannes un an plus tard, ce long-métrage évoque la vie d’un immigré suédois débarqué à New-York au début du XXe siècle. Confronté au chômage et à la pauvreté, Joe Hill parcourt le pays et devient un hobo. Il se syndique au sein des IWW, une organisation de base, libertaire et ouverte aux femmes ainsi qu’aux travailleurs immigrés jusque-là délaissés par le syndicalisme bureaucratique américain. Continuer la lecture
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Co-vide
La dictature en a rêvé, le covid l’a fait. Le soir, les rats sont plus libres de sortir que nous. Au loin, seules les sirènes des flics, des pompiers ou des ambulances. Il n’y a plus de visages. Il n’y a plus de culture. Le langage s’est transformé. Distanciation sociale. Distanciation physique. Bulle. Cas contacts. Réduisez les interactions. Restez chez vous. Tours de vis. Isolement. Dans les transports en commun, qu’en bons soldats du capital, nous ne prenons plus que pour aller travailler et consommer, les avertissements tournent en boucle jusqu’à l’insupportable. Nous devons comprendre, par ce martèlement, ce dont nous devons avoir peur. Il y avait, et il y a toujours, le terrorisme. Il y a, maintenant, ce virus. Celui de l’autre. Co-vide. La mise en commun du vide de chaque vie.
Au bois de Saint-Amand : utopographie d’une chanson d’amour
Pour toi, dont le prénom est le nom de l’aube. Avec mes excuses…
Trouver le bois de Saint-Amand, sa réalité, est difficile car la chanson est peu précise. Il est possible, cependant, de recouper la toponymie et la vie de Barbara pour essayer de s’en approcher.
Le con chez Brassens
Qu’est-ce qu’un con ? Explorons le concept à travers quelques chansons de Brassens. Lequel a pas mal labouré cet immense champ de recherches. Continuer la lecture
L’État, c’est l’anarchie !
Les anarchistes n’ont eu de cesse d’expliquer que l’anarchie c’était l’ordre moins le pouvoir, d’utiliser d’autres dénominations comme libertaire voire autogestion pour nommer leur projet de société, bref de donner un aspect positif à l’anarchie. Il reste, malgré tout, que, pour beaucoup, ce mot est négatif : synonyme de désordre, de malheur, d’inorganisation, de guerre etc.
Du fin fond de mon confinement
« Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez être votre conscience et qui n’est qu’une dépendance de l’ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau. »
Léo Ferré – La solitude
Du fin fond de mon confinement, et puisque l’une des libertés qu’il nous reste est de pouvoir nous exprimer à distance, j’écris quelques lignes.
Là, je pense à Winston dans 1984. Winston écrit son journal. Il tousse souvent, il est malade, d’une maladie des poumons, une vague maladie, comme les vagues guerres incessantes aux confins d’Oceania. Il faut, pour l’État, qu’il y ait une guerre, toujours, c’est l’une de ses justifications majeures. Continuer la lecture
BUSQUANT Émilie dite Mme Messali
Il y a quelques années, je m’étais intéressé à l’histoire d’Émilie Busquant, la compagne de Messali Hadj, pionnier de la revendication d’indépendance de l’Algérie. La problématique de départ – assez patrimoniale, identitaire et, au fond, sans grande importance – était de savoir si cette femme était anarchiste… ou pas. En début d’année, j’ai été contacté pour mettre à jour la notice de ce personnage dans le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, dit le Maitron. J’ai donc rédigé une nouvelle notice que j’ai envoyée. Sans résultat. Je mets donc tout ça en ligne ici.
Émilie Busquant est née le 3 mars 1901 à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle). Son père, Jules Busquant, est ouvrier dans les hauts-fourneaux. Sa mère, Alice-Élisabeth Boussert, vient d’une famille bourgeoise de Pont-à-Mousson, commune voisine. La fratrie se compose de neuf enfants. Les aînés des garçons rejoignent leur père à l’usine à 14 ans. Trois sœurs d’Émilie sont parties travailler en région parisienne. Parmi les plus jeunes, Émilie peut poursuivre l’école jusqu’au brevet supérieur. Le décès accidentel d’Alice, en 1919, oblige Émilie à travailler comme apprentie dans une manufacture de bonneterie. Continuer la lecture
1981-1989 : scène rock alternative et politique
Je mets en ligne un mémoire que j’ai rédigé en 2017 à l’occasion d’une reprise d’études. Il s’agit d’une sorte de synthèse sur la scène alternative des années 1980 et la politique.
Ailleurs wall
« Now in the queues at immigration, in the border zone
We are your bastard children, all coming home
And every day you try to build a higher wall
Every day you try to build a higher wall
But your money cannot stop us
And your violence cannot stop us
No you will never stop us with your higher wall. »
New Model Army – Higher wall, 1987
Je ne suis pas né dans cette ville. Je n’y ai pas vécu mon enfance. Ni mon adolescence ni ma vie de jeune adulte. Mais je vis ici.
Dans cette ville, il y a des gens. Beaucoup sont pauvres. Ils s’entraident ou s’entre-déchirent. Ils s’aiment de leurs chaleurs. De leurs mots. De leurs sourires.
Ils s’aiment des endroits où ils peuvent librement aller. S’asseoir. Parler. Boire. Manger. Ils s’aiment parce que cette ville a de la place. Elle est immense. Cette ville est une place.
Mais, et il y a vraiment de quoi être triste, parce que dans cette ville, par on ne sait quelle malédiction, sans doute celle du pouvoir, règne le plus cynique des mépris.
La tête à toto
Bordel de merde ! On va arrêter un peu les conneries avec l’arithmétique d’abstention. Je ne cherche à convaincre personne. J’exprime ici simplement un ras-le-bol. Si je ne vote pas dimanche, c’est aucune voix pour personne comme je le fais depuis des années. Pour personne. Ni pour une fasciste. Ni pour un social-démocrate – ou autre qualificatif à votre convenance. Le ni-ni d’avant le ni-ni, celui qui a le plus de classe : ni dieu, ni maître. Donc ce n’est pas une moitié de voix pour l’un et pour l’autre. C’est encore moins une voix pour Le Pen évidemment et rien non plus pour Macron. C’est zéro voix. Zéro plus zéro.