La dictature en a rêvé, le covid l’a fait. Le soir, les rats sont plus libres de sortir que nous. Au loin, seules les sirènes des flics, des pompiers ou des ambulances. Il n’y a plus de visages. Il n’y a plus de culture. Le langage s’est transformé. Distanciation sociale. Distanciation physique. Bulle. Cas contacts. Réduisez les interactions. Restez chez vous. Tours de vis. Isolement. Dans les transports en commun, qu’en bons soldats du capital, nous ne prenons plus que pour aller travailler et consommer, les avertissements tournent en boucle jusqu’à l’insupportable. Nous devons comprendre, par ce martèlement, ce dont nous devons avoir peur. Il y avait, et il y a toujours, le terrorisme. Il y a, maintenant, ce virus. Celui de l’autre. Co-vide. La mise en commun du vide de chaque vie.
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L’État, c’est l’anarchie !
Les anarchistes n’ont eu de cesse d’expliquer que l’anarchie c’était l’ordre moins le pouvoir, d’utiliser d’autres dénominations comme libertaire voire autogestion pour nommer leur projet de société, bref de donner un aspect positif à l’anarchie. Il reste, malgré tout, que, pour beaucoup, ce mot est négatif : synonyme de désordre, de malheur, d’inorganisation, de guerre etc.
Du fin fond de mon confinement
« Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez être votre conscience et qui n’est qu’une dépendance de l’ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau. »
Léo Ferré – La solitude
Du fin fond de mon confinement, et puisque l’une des libertés qu’il nous reste est de pouvoir nous exprimer à distance, j’écris quelques lignes.
Là, je pense à Winston dans 1984. Winston écrit son journal. Il tousse souvent, il est malade, d’une maladie des poumons, une vague maladie, comme les vagues guerres incessantes aux confins d’Oceania. Il faut, pour l’État, qu’il y ait une guerre, toujours, c’est l’une de ses justifications majeures. Continuer la lecture
Ailleurs wall
« Now in the queues at immigration, in the border zone
We are your bastard children, all coming home
And every day you try to build a higher wall
Every day you try to build a higher wall
But your money cannot stop us
And your violence cannot stop us
No you will never stop us with your higher wall. »
New Model Army – Higher wall, 1987
Je ne suis pas né dans cette ville. Je n’y ai pas vécu mon enfance. Ni mon adolescence ni ma vie de jeune adulte. Mais je vis ici.
Dans cette ville, il y a des gens. Beaucoup sont pauvres. Ils s’entraident ou s’entre-déchirent. Ils s’aiment de leurs chaleurs. De leurs mots. De leurs sourires.
Ils s’aiment des endroits où ils peuvent librement aller. S’asseoir. Parler. Boire. Manger. Ils s’aiment parce que cette ville a de la place. Elle est immense. Cette ville est une place.
Mais, et il y a vraiment de quoi être triste, parce que dans cette ville, par on ne sait quelle malédiction, sans doute celle du pouvoir, règne le plus cynique des mépris.
La tête à toto
Bordel de merde ! On va arrêter un peu les conneries avec l’arithmétique d’abstention. Je ne cherche à convaincre personne. J’exprime ici simplement un ras-le-bol. Si je ne vote pas dimanche, c’est aucune voix pour personne comme je le fais depuis des années. Pour personne. Ni pour une fasciste. Ni pour un social-démocrate – ou autre qualificatif à votre convenance. Le ni-ni d’avant le ni-ni, celui qui a le plus de classe : ni dieu, ni maître. Donc ce n’est pas une moitié de voix pour l’un et pour l’autre. C’est encore moins une voix pour Le Pen évidemment et rien non plus pour Macron. C’est zéro voix. Zéro plus zéro.
Guerre partout, justice nulle part
Nice est la ville de la surveillance généralisée avec un nombre record de flics municipaux armés. N’est-ce pas la démonstration flagrante de l’échec total de la répression ? Le meurtrier avait exercé de très nombreuses violences à l’égard de son ex-épouse. Au point qu’il ne la voyait avec ses trois enfants que dans un lieu public car, pensait son ex-compagne, il ne l’agresserait pas dans ces conditions. C’est pourtant dans un lieu public – où sa femme a failli se trouver – qu’il a perpétré son massacre en se prenant pour un soldat armé d’un 19 tonnes. Que fait-on pour empêcher cela à part surenchérir dans la guerre ? Les services sociaux sont débordés et privés de moyens. Tout est devenu comptable. Tout est contrôle.
OCCUPONS TOUT !
Sortir du clivage sclérosant entre légalisme et insurrection permettrait peut-être d’avancer un peu dans le mouvement contre la loi Travail. Les occupations de places hésitent entre un refus de toute verticalité, un légalisme constituant ou l’électoralisme. Les défilés syndicaux sont trop classiques pour une partie des manifestants qui poursuivent l’action de façon plus libre avec infiltration de flics en civils aux méthodes brutales. Une autre piste qui fut notamment portée par des anarchistes individualistes – dont certains n’ont jamais cru au grand soir – consiste à vivre ses idées maintenant sans s’en remettre à un avenir paradisiaque. Du reste, cette volonté de construction au présent a aussi existé dans le mouvement ouvrier : conquête de droits sociaux, Bourses du Travail, coopératives, mutuelles. Les alternatives concrètes se poursuivent aujourd’hui à travers de multiples lieux et expériences.
L’étranger et le dilemme identitaire-libertarien
« J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! »
Déchéance pour tous ! Qu’est-ce qu’on se marre quand même. La proposition gouvernementale de déchoir de la nationalité française non seulement des binationaux mais aussi, au nom de l’égalité, des personnes de nationalité française mettrait en place les conditions d’une apatridie imposée. Fichtre ! Diantre ! Apatride si je veux d’abord ! Enfin faut voir. Le statut d’apatride ratifié par la France est régi par une Convention de l’ONU de 1954 qui donne des droits au moins équivalents à ceux des étrangers en certains domaines (1). Une demande volontaire de perte de nationalité est prévue aux articles 18-1, 19-4, 22-3, 23, 23-5 du code civil. Mais on ne peut, semble-t-il, se libérer des liens d’allégeance à un État que pour se lier à un autre. Par contre avec la déchéance pour tous, on pourrait devenir un étranger dans son pays, ne pouvant guère en sortir car apatride donc dépourvu de passeport sauf à demander une nationalité dans un pays d’exil moins ubuesque (2).
Construire à l’arrière des fronts
Certains veulent se rassurer et ne pas voir la réalité en face. En nombre de voix, le FN quadruple son score aux élections européennes par rapport à 2009. Entre 2002 et 2012, ce parti a gagné un million de voix aux élections présidentielles. L’abstention aux européennes est importante ? Mais les sondages indiquent que parmi les abstentionnistes figurent aussi nombre d’électeurs potentiels du FN en tous cas autant que parmi les suffrages exprimés. On peut triturer les chiffres absolus, l’abstention, nier les pourcentages d’exprimés : le FN continue de progresser. Continuer la lecture
Force Occulte à Marseille
Un vice de forme selon l’arrêt du tribunal administratif rendu le 16 mai 2014. En 2010, Patrick Casse, élu FO et directeur du département Lettres et Arts de la Bibliothèque de Marseille a été proposé à l’avancement au grade de conservateur par une Commission administrative paritaire… où il siégeait lui-même avec la DRH. Une vingtaine de collègues pouvait prétendre à cette promotion. Il était seul sur la liste. Depuis que Gaston Defferre s’est appuyé sur FO afin de contrer la CGT, ce syndicat de municipaux devenu omniprésent mène un jeu trouble avec les édiles en laissant peu de place à la contestation. Difficile de bosser dans cette ville sans sa carte. En 2012, le secrétaire général du syndicat est débarqué pour ses dérives et ses liens avec Guérini. En 2014, Jean-Claude Gaudin reçoit une « carte de membre d’honneur du syndicat ». Merci patron !