Un film consacré à Joe Hill, réalisé par Bo Widerberg, restauré et projeté en 2015, a été édité, sur DVD, l’année dernière. Sorti en 1970, primé à Cannes un an plus tard, ce long-métrage évoque la vie d’un immigré suédois débarqué à New-York au début du XXe siècle. Confronté au chômage et à la pauvreté, Joe Hill parcourt le pays et devient un hobo. Il se syndique au sein des IWW, une organisation de base, libertaire et ouverte aux femmes ainsi qu’aux travailleurs immigrés jusque-là délaissés par le syndicalisme bureaucratique américain. Continuer la lecture
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Petite chronique – Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme
Louable intention que celle de ce documentaire qui retrace assez honnêtement l’histoire du mouvement anarchiste jusqu’à 1945. Jusqu’à 1945 ? Ben oui. Et hormis les quelques « coquilles », c’est bien ce découpage chronologique qui est le plus discutable. Le mouvement libertaire est-il tombé aux oubliettes par la suite ? Son histoire est-elle devenue alors négligeable ? Terminée ? Évidemment non.
Ce biais laisse une douloureuse impression. Car que voit-on durant deux heures ? Des martyrs, des cadavres, des vaincus. L’ambivalence anarchiste concernant la violence est bien réelle. Elle est en quelque sorte relativisée ou justifiée par le commentaire tout en étant, à l’inverse, mise en spectacle par les images. La Bande à Bonnot est traitée assez longuement. Largement plus partagé, l’immense effort antimilitariste d’avant 1914 est peu évoqué.
OCCUPONS TOUT !
Sortir du clivage sclérosant entre légalisme et insurrection permettrait peut-être d’avancer un peu dans le mouvement contre la loi Travail. Les occupations de places hésitent entre un refus de toute verticalité, un légalisme constituant ou l’électoralisme. Les défilés syndicaux sont trop classiques pour une partie des manifestants qui poursuivent l’action de façon plus libre avec infiltration de flics en civils aux méthodes brutales. Une autre piste qui fut notamment portée par des anarchistes individualistes – dont certains n’ont jamais cru au grand soir – consiste à vivre ses idées maintenant sans s’en remettre à un avenir paradisiaque. Du reste, cette volonté de construction au présent a aussi existé dans le mouvement ouvrier : conquête de droits sociaux, Bourses du Travail, coopératives, mutuelles. Les alternatives concrètes se poursuivent aujourd’hui à travers de multiples lieux et expériences.