Projectionnistes : le numérique volatilise un métier

800px-SortieusinelumiereÀ l’occasion d’une action syndicale dans un cinéma Pathé, j’avais rencontré un projectionniste sur son lieu et pendant son temps de travail. Le gars s’occupait de 16 salles en même temps. Malgré cette charge très importante, le moins qu’on puisse dire est qu’il s’ennuyait ferme. Tout était contrôlé par informatique. Les films sur disque dur à usage unique était lancé automatiquement et le projectionniste pendant ce temps n’avait pas grand chose à faire. Devenu quasiment inutile, il s’occupait en faisant de la récup’ de vieilles bobines argentiques dont il assemblait des bouts comme pour en faire un tableau. Le type déprimait sec. Et pour cause. J’assistais tout simplement à la mort d’un métier et d’un savoir-faire. Pour aussi imparfait qu’il était, l’argentique nécessitait un travail manuel méticuleux : montage des bobines, entretien de la pellicule, surveillance de la qualité de la projection, netteté de l’image, bon niveau de son, réglage des objectifs, nettoyage des projecteurs, redémontage des bobines etc.

Avec le numérique, les grosses multinationales du cinéma engrangent un maximum de profits : le coût technique est diminué considérablement et surtout le projectionniste est déqualifié lorsqu’il n’est tout simplement pas supprimé. Pour le public, le coût des places est toujours aussi cher, sans parler du gavage en glucose et en pubs dans les salles commerciales.

Bref comme dans bien d’autres métiers, la technologie induit une dépossession des savoir-faire, une déshumanisation et une hétéronomie accrue. Le tout pour satisfaire à des logiques de profits ou tout simplement, dans le cas de salle non commerciale, pour ne pas avoir l’air d’être dépassé et suivre le discours dominant sur le progrès. Les collectifs de travail s’en trouvent soumis à des pressions énormes et pour les projectionnistes c’est la fin d’un métier.

Afin de lutter contre cette casse, la Fédération Communication, Culture Spectacle de la CNT appelle, à une grève illimitée dans les cinémas Gaumont-Pathé du 30 mars au 30 avril.

Voir aussi : Cinéma numérique, casse du métier de projectionniste, lutte chez Gaumont Pathé…

Alexis – Groupe Orwell

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